Qui a dit que la « tech » n’était qu’une affaire d’hommes ?
Nous avons souhaité interviewer quatre femmes travaillant chez Withings pour vous prouver le contraire.
Ces femmes bousculent les codes et prouvent que les choses changent !
Rui-Yi est ingénieure en recherche appliquée, curieuse et dynamique.
Lodie est ingénieure en mécanique, enthousiaste, dynamique, marrante mais parfois râleuse.
Amélie est ingénieure, et a aussi une bonne touche d’humour, d’autodérision et de créativité !
En quoi consiste ton métier chez Withings ?
« Il consiste à explorer la masse des données générées par les objets connectés de Withings, en vue de découvrir des tendances et des liens intéressants ou inespérés. » (Angela)
« Je développe des capteurs et des algorithmes afin de mesurer des données qui nous permettent de mieux comprendre notre fonctionnement (notamment notre fréquence cardiaque ou notre sommeil ». (Rui-Yi)
« Je suis Ingénieur mécanique, cela consiste à concevoir les produits en travaillant dans un premier temps avec les designers, puis avec les électroniciens et enfin avec les ingénieurs spécialisés dans l’industrialisation et les usines au moment de la mise en production. » (Lodie)
« Je suis chef de produits dont un en cours de lancement. Je travaille quotidiennement avec les différentes équipes techniques et le support pour que le produit ait la qualité attendue, en termes de hardware, software et d’expérience utilisateur, tout en respectant au mieux les contraintes (de temps et de budget par exemple). » (Amélie)
Tu as fait une école d’ingénieur où les filles sont souvent sous-représentées. Comment cela s’explique selon toi ?
« Les stéréotypes de genre sont encore très présents dans la société d’aujourd’hui, bien qu’au niveau des droits il y ait bien une égalité. Les garçons sont encouragés à suivre des études d’ingénieur beaucoup plus souvent que les filles et aussi beaucoup plus tôt dans leur vie. Ensuite, il y aussi l’effet boule de neige : parce qu’il n’y a pas beaucoup de filles actuellement dans les écoles d’ingénieur, les nouvelles potentielles candidates s’y identifient moins et y voient moins leur place. » (Angela)
« Les filles sont rarement encouragées à aller dans cette voie. » (Rui-Yi)
« J’ai fait mes études d’ingénieur au sein du département Ergonomie, Design et Ingénierie Mécanique de l’Université Technologique de Belfort-Montbéliard (UTBM) où comparé à d’autres filières de l’école, les filles étaient plutôt bien représentées (environ 20% de filles dans ma promo). Pour ma part, si nous étions « aussi nombreuses » c’est sûrement à cause du fait que notre formation allie la créativité et le facteur humain à la technique pure dans le processus de conception d’un produit. » (Lodie)
« Cette situation évoluera selon moi avec le développement des nouvelles technologies, et avec leurs champs d’application beaucoup plus variés que par le passé, typiquement les objets connectés. Ça changera de plus en plus l’image des ingénieurs et donc les profils qui s’orienteront dans cette filière demain. » (Amélie)
Comment te sentais-tu pendant tes études dans un environnement plutôt masculin ?
« Je me suis toujours sentie à l’aise. Peut-être que j’ai eu de la chance ? Ce qui est sûr, c’est que dans un environnement essentiellement masculin les blagues sexistes peuvent faire surface. Mais cela n’a pas gâché mon expérience qui reste très positive dans l’ensemble. » (Angela)
« Je n’ai jamais eu de souci. Mes études se sont toujours très bien passées dans un environnement plus masculin. » (Rui-Yi)
« Cela ne m’a jamais dérangée d’évoluer dans un environnement masculin. J’ai d’ailleurs au cours de mes études été la seule fille de ma promo pendant 2 ans, ce qui m’a permis de pouvoir m’affirmer et d’avoir autant de légitimité que les garçons face à des choix techniques. » (Lodie)
« Certes, statistiquement le milieu était clairement masculin avec 17% de filles dans ma promo à l’école Centrale. Pour autant je n’ai jamais eu l’impression de faire partie d’une minorité ; je ne qualifierai pas l’ambiance de « masculine » mais simplement de saine et de bon enfant. » (Amélie)
Qu’est-ce qui t’a donnée à la base envie de t’intéresser à cette voie ?
« Ma curiosité personnelle envers le monde des chiffres en général. » (Angela)
« Etre ingénieur me permet de na pas me restreindre dans mes choix de carrière. » (Rui-Yi)
« Au début c’est un peu par hasard que je suis arrivée dans une voie technique, puis au fur et à mesure de mon parcours je me suis de plus en plus intéressée au fonctionnement des objets qui nous entourent, et de là, est venue mon souhait de faire un métier qui pourrait me permettre de concevoir des produits innovants et surtout qui nous permettent de vivre mieux au quotidien. » (Lodie)
Est-ce que ton environnement a favorisé cette orientation ?
« Oui, mes parents m’ont toujours soutenue dans mon choix. » (Angela)
« Mon père est informaticien, ça aide je suppose ! » (Rui-Yi)
« Je pense que ça a commencé très jeune : mes parents ont essayé de nous donner à mes sœurs et à moi le goût des sciences. J’ai le souvenir qu’on ait observé – surexcitées – des paramécies au microscope, ou assisté à des démonstrations magistrales sur l’électricité statique avec des ballons de baudruche. » (Amélie)
Pourquoi as-tu décidé de faire cette école d’ingénieur en particulier ?
« J’ai jugé que l’école Polytechnique pourrait m’aider avant tout à deux choses : l’une, à avoir un esprit critique et d’analyse ; l’autre, à me constituer une base de connaissances solides me permettant derrière d’apprendre très rapidement de nouvelles choses. Je voulais une école généraliste plutôt que très spécialisée. » (Angela)
« J’ai intégré la meilleure école d’ingénieur qui m’a été proposée. » (Rui-Yi)
« J’ai décidé de faire l’UTBM (Université de Technologie de Belfort-Montbéliard) et plus précisément cette filière car elle me permettait d’ajouter à mes connaissances techniques acquises lors de mon BTS et ma licence, des connaissances en ergonomie et design afin de pouvoir appréhender toutes les dimensions faisant qu’un produit soit esthétique et fonctionnel. » (Lodie)
Pourquoi as-tu ensuite rejoint Withings ?
« J’ai eu la chance de pouvoir expérimenter beaucoup de choses. J’ai déjà travaillé en Recherche et Développement, puis dans un cabinet de conseil en stratégie. Withings représente pour moi une phase de “cristallisation” : je me sens à ma place et dans le domaine qui me plaît. » (Angela)
« Je n’ai pas beaucoup aimé ce que j’ai réalisé dans mes derniers stages et j’ai décidé de changer de voie. Withings m’a offert cette opportunité de trouver une voie plus adaptée à ce que je souhaitais faire au quotidien. (Rui-Yi)
« Je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’avoir un plan de carrière à 5 ans bien ficelé en sortant d’école. Pour ma part, j’ai fait un stage chez Ubisoft dans les jeux vidéos avant de travailler deux ans dans un cabinet de conseil en stratégie digitale. Peu à peu j’ai compris que je m’intéressais plus particulièrement à la « Tech » et aux objets connectés, j’avais beaucoup entendu parler de Withings et je les ai donc contactés. » (Amélie)
Peux-tu nous raconter ta journée type chez Withings ?
« J’extrais et analyse des données, je mène des études, et je présente ces études. » (Angela)
« Je lis de nombreuses publications scientifiques, je monte des expériences et je récupère des données que j’analyse ensuite. Et dans mon jargon, je code sur Matlab, je parse des données et je fais de la détection de pics. » (Rui-Yi)
« Les journées peuvent être différentes en fonction de l’avancement du projet sur lequel je travaille. Je peux passer ma journée à faire de la modélisation 3D au début du projet ; cette tâche prend beaucoup de temps car il faut « construire le produit ». Puis, vient la phase de prototypage afin de vérifier que le produit s’assemble correctement. Cela permet donc de valider les choix techniques que l’on a imaginés, puis lorsque tout est à peu près figé, je peux partir en déplacement dans nos usines afin de lancer la fabrication du produit avec des vraies pièces mécaniques injectées ou usinées. » (Lodie)
« Mes journées sont très variées parce qu’en tant que chef de produit, j’interviens en coordination sur tous les aspects du projet : la mécanique, le software, même le packaging…. Notre activité dépend également du cycle de vie du produit. Par exemple, dans la phase de conception du produit, on itère beaucoup avec l’agence de design et l’équipe mécanique, puis quand on se rapproche du lancement, on passe beaucoup de temps avec l’équipe marketing. Concrètement, dans une journée, je cours un peu partout pour synchroniser les équipes, définir les priorités et m’assurer que tout le monde les a en tête, et comprendre ce qui bloque et faciliter le déblocage. C’est très varié, j’ai l’impression de ne jamais faire la même chose d’un jour à l’autre ! » (Amélie)
Quel est le projet qui te tient particulièrement à coeur en ce moment dans ton travail ?
« Je peux parler d’un projet mené en début d’année. Il s’agit d’une étude sur les habitudes alimentaires et sur les régimes éventuellement suivis par les utilisateurs Withings. Les données révèlent que les régimes ne marchent pas vraiment car la grande majorité des gens reprennent du poids dans les six mois qui suivent leur fin. Ce qui marche vraiment, ce sont les habitudes alimentaires saines. Je ne vous en dis pas plus et je vous invite à lire les résultats ici : http://www.withings.com/fr/fr/weight-study » (Angela)
« Je travaille sur un produit, le Withings Aura et au quotidien je fais des expériences pour l’améliorer et le rendre plus performant. » (Rui-Yi)
«En ce moment, je suis en pleine phase d’échange avec les designers. c’est un moment important et passionnant car il va nous permettre de trouver des solutions à la fois techniques et esthétiques. »
« Un projet de collaboration que j’ai proposé il y a quelques mois et que nous creusons actuellement. Chez Withings, la prise d’initiatives est encouragée, donc si on a une idée qui nous tient à cœur, on a pas mal de marge de manœuvre pour la réaliser. » (Amélie)
Considères-tu travailler majoritairement avec des hommes? As-tu changé ton fonctionnement en travaillant dans un univers masculin ou ça n’impacte pas du tout ta façon d’être au travail et dans ton quotidien ?
« Oui, c’est un fait. En revanche, je ne sais pas vraiment si ma façon de travailler est différente de ce fait car j’ai toujours travaillé dans un univers majoritairement masculin. » (Angela)
« Je travaille avec beaucoup d’hommes au quotidien, et j’ai travaillé avec beaucoup d’hommes tout au long de ma carrière. Ce n’est donc pas un problème majeur pour moi. » (Rui-Yi)
« Je travaille majoritairement avec des hommes mais cela n’a pas changé ma façon de travailler. Je préfère même travailler avec des hommes ! » (Lodie)
« Il y a évidemment des équipes plus mixtes que d’autres chez Withings, et chacun a un peu sa manière de travailler, qui dépend à mon avis de sa personnalité plus que de son sexe. Je me sens légitime et écoutée par les équipes quand je propose une idée. Globalement je n’ai jamais eu l’impression d’être traitée différemment ou de ne pas avoir les mêmes attentes ou exigences que pour mes collègues masculins. Chez Withings, il faut être débrouillard et je me suis retrouvée à faire des choses que je n’étais pas sûre au départ de pouvoir faire comme négocier un prix ou recadrer un fournisseur. Tout s’apprend ! » (Amélie)
Estimes-tu qu’il est important de tendre à une égalité numérique hommes/femmes en entreprise ?
« Je pense qu’il est important de vouloir tendre vers une égalité numérique. Néanmoins, je ne pense pas qu’il faille forcer cette égalité, mais plutôt l’encourager – avant tout, dans la mentalité globale des gens et dans la culture de l’entreprise. Une égalité forcée vient juste déplacer le problème de la discrimination à un autre niveau. Elle crée de “vrais employés” et de “faux employés”, vus comme moins compétents car embauchés principalement pour satisfaire à une règle. Pour attaquer le problème à sa source, il faut avant tout sensibiliser les gens, à commencer par les managers. » (Angela)
« Numérique, pas forcément. On devrait choisir les personnes d’après leurs compétences et non d’après leur sexe. » (Rui-Yi)
« Je ne pense pas qu’il faille une égalité numérique parfaite entre les hommes et les femmes en entreprise. Je pense qu’il faut juste qu’il y ait une bonne répartition des compétences que ce soit des hommes ou des femmes afin que l’entreprise puisse évoluer correctement. » (Lodie)
« C’est important au niveau de la direction de l’entreprise, pas forcément équipe par équipe. A terme, les entreprises qui ne seront pas capables de montrer que chacun à sa chance de promotion et de réussite au plus haut niveau, en fonction de ses performances et indépendamment de son sexe, n’arriveront plus à recruter les meilleurs talents. » (Amélie)
Comment donnerais-tu le goût pour ton métier ? Quelle est sa vraie valeur ajoutée ? Quel est le facteur de réussite à ton avis pour s’épanouir dans ce que tu fais ?
« Mon métier est un métier où l’on découvre de nouvelles choses tous les jours, où l’on apprend beaucoup et où l’on sent qu’on se développe. C’est très enrichissant. Pour réussir, je dirais qu’il est important d’être curieux et ne pas avoir peur de se plonger dans de nouveaux problèmes et de tester de nouvelles méthodes pour les résoudre. » (Angela)
« C’est un métier où tu apprends énormément tous les jours et où tu touches à tout. Il faut être très curieux, ouvert et être rigoureux dans ce que l’on entreprend. » (Rui-Yi)
« Pour aimer mon métier, il faut aimer toucher à tout, « bricoler », apprendre sans cesse de nouvelles choses. La vraie valeur ajoutée de mon métier, c’est de voir sortir d’usine un produit beau et qui fonctionne et avoir ensuite le plaisir de le voir trôner dans les magasins et se dire : »c’est moi qui ai travaillé sur ce produit ». » (Lodie)
« Il faut être débrouillard et curieux, organisé, faire preuve de bon sens et d’une bonne compréhension des enjeux techniques du produit, surtout ne pas avoir peur d’être un peu touche à tout, et avoir le sens du relationnel. » (Amélie)
S’il ne devait y en avoir qu’un, quel conseil donnerais-tu aux femmes qui se lancent dans la vie active ?
« D’explorer un maximum de choses pour mieux trouver sa voie. Nous n’avons qu’une seule vie, et c’est dommage de passer beaucoup de son temps à faire quelque chose qu’on n’aime pas vraiment. » (Angela)
« Fais ce qui te plait dans la vie ! » (Rui-Yi)
« De rester soi-même et d’aller contre les préjugés, une femme peut tout à fait faire le même métier qu’un homme. L’efficacité et la compétence d’une personne ne sont pas liées à son sexe. » (Lodie)
« Ne pas se laisser enfermer dans des cases par des gens ou par soi-même avec des croyances limitantes de type « je ne serai jamais capable de… », parce que vous verrez que tout s’apprend et que vous irez plus loin que ce que vous ne pensiez. » (Amélie)
Le hashtag mondial de la Journée de la Femme 2016 est #PledgeForParity, ce message est-il fort pour toi ? Qu’est ce que cela t’évoque ?
« Oui, le message est très fort. Il indique que nous nous engageons, que nous promettons à nous-mêmes de transformer ce monde en un monde plus équitable, en l’occurrence pour les femmes à l’occasion de cette journée internationale. Cet engagement pour la parité des sexes commence par le fait de parler du sujet ouvertement et au plus grand nombre de personnes, hommes ou femmes, petits ou grands. » (Angela)
« L’égalité des opportunités est très importante, mais ce qui est le plus important pour moi c’est plutôt l’éducation. Il faut qu’une fille de 8 ans sache (inconsciemment) qu’elle peut jouer avec n’importe quel jouet que ce soit une poupée ou un camion de pompier. » (Rui-Yi)
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Nous remercions chaleureusement Angela, Rui-Yi, Lodie et Amélie pour leurs témoignages.
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