Nous avons voulu investiguer les effets de la pollution sur notre vie quotidienne – en particulier, l’effet de la pollution sur notre niveau d’activité physique.
La pollution est au coeur de l’espace politique et médiatique de ces derniers jours, notamment grâce à la COP21, Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se déroule actuellement. Plus de 100 leaders mondiaux sont réunis à Paris pour débattre sur la pollution et le changement climatique.
Pour ajouter notre pierre à l’édifice, nous avons voulu investiguer les effets de la pollution sur notre vie quotidienne – en particulier, l’effet de la pollution sur notre niveau d’activité physique. Dans cette optique, nous avons analysé des données historiques de pollution dans trois villes – Paris, Los Angeles et Pékin – et mis en relation ces données avec des mesures de niveau d’activité issues des montres et bracelets connectés Withings. Ces analyses ont été réalisées en partenariat avec AccuWeather, fournisseur mondial de données météorologiques.
La mesure de pollution utilisée dans cette étude est la concentration de particules fines – particules en suspension dans l’air de moins de 2,5 micromètres de diamètre, souvent appelées PM2.5. Les particules fines sont générées par les processus de combustion (véhicules, centrales électrilques, combustion domestique du bois), ainsi que par certains procédés industriels. Compte tenu de leur très petite taille – 1/30ème du diamètre moyen d’un cheveu -, les particules fines peuvent se loger en profondeur dans les poumons et, de ce fait, causer de multiples problèmes de santé, de l’irritation des yeux aux crises cardiaques.
L’objectif de cette étude est de savoir si les habitants de ces 3 villes prennent en compte le niveau de pollution extérieur avant d’aller courir. Nous avons calculé la durée moyenne d’exercice pour les jours pollués et non pollués et comparé ces durées entre elles. Si les habitant adaptent effectivement leur pratique sportive à la pollution, nous devrions voir une durée moyenne d’exercice plus basse durant les jours pollués.
Un niveau de pollution critique à Pékin
Commençons par étudier le niveau de pollution de ces trois villes : Paris, Los Angeles et Pékin. Paris se situe dans le top 10 des villes les plus polluées d’Europe tandis que Los Angeles apparaît souvent classée comme la ville la plus polluée des Etats-Unis. Rien de comparable à Pékin cependant. La capitale chinoise est tout simplement l’une des villes les plus polluées au monde.
L’EPA (US Environmental Protection Agency) a défini un indice de qualité de l’air comportant sept catégories : bon, modéré, insalubre pour les groupes vulnérables, insalubre, très insalubre, préjudiciable et très préjudiciable. Nous avons classé chaque jour de l’année 2014 selon ces catégories.
En 2014, les Parisiens ont vécu 44% des jours de l’année avec une bonne qualité de l’air et 56% à un niveau de pollution au-dessus du seuil de bonne qualité (avec 52% considérés modérés et 4% considérés insalubres). A Los Angeles, le pourcentage de jours au-dessus du seuil s’élève à 67%. C’est à Pékin où la situation devient alarmante avec 97% des jours au-dessus du seuil, incluant 18% de jours insalubres, préjudiciables ou très préjudiciables.
Le graphique suivant révèle l’évolution de la concentration en particules fines tout au long de l’année dans ces trois villes. La ligne rouge indique le seuil de pollution en dessous duquel l’indice prend la valeur “Bon”. La courbe correspondant à Pékin dépasse régulièrement 10 fois ce seuil et atteint même des pics plus de 30 fois supérieurs au seuil.
Selon un spécialiste cité dans The Economist, respirer l’air de Pékin équivaut à fumer 40 cigarettes par jour. Il estime aussi que la pollution est la cause de 1,6 millions de décès par an en Chine, soit 17% du total des décès annuels dans ce pays.
Sources de données de pollution : Airparif pour Paris, AccuWeather pour Los Angeles and StateAir pour Pékin.
L’aménagement des heures d’exercice dû à la pollution : une pratique peu commune à Paris, une nécessité à Pékin
A Los Angeles, les personnes actives font de l’exercice indépendamment du niveau de pollution. En effet, la différence de durée moyenne d’exercice entre jours pollués et non pollués est très faible et non significative.
A Paris, la durée d’exercice augmente même légèrement pendant les jours pollués. Les températures relativement douces observées durant ces jours pollués pourraient expliquer ce paradoxe. En effet, les analyses d’une précédente étude avaient confirmé que nous avions tendance à être plus actifs sous une température modérée (autour de 20°C).
A Paris, tout comme à Los Angeles, il semblerait donc que la pollution n’entraîne pas de changement dans les habitudes sportives. Ce n’est en revanche pas le cas à Pékin. Les Pékinois font sensiblement moins d’exercice pendant les jours pollués : la durée moyenne journalière d’exercice durant les jours les plus pollués est 17% inférieure à la durée d’exercice durant les jours les moins pollués.
Comment rester actif dans une ville polluée
Pollution et exercice peuvent constituer un mélange nocif pour la santé. En effet, pendant le sport, lorsque nous respirons par la bouche, l’air inspiré n’est pas filtré par les voies nasales, exposant davantage les poumons aux particules toxiques. Néanmoins, l’activité physique a de multiples bénéfices pour la santé et arrêter tout effort physique n’est pas la solution. Alors, comment rester actif si vous habitez dans une ville polluée ? Quelques actions peuvent être prises pour limiter les effets de la pollution.
Premièrement, évitez les heures de pic de pollution. Préférez aller courir durant les jours et les heures où la pollution est à son plus bas niveau.Pour ce faire, surveillez les niveaux de pollution de l’air dans votre ville. La plupart du temps, la pollution est significativement plus basse dans les premières heures de la journée ou après le coucher du soleil.
En second lieu, allez dans un parc. La pollution tend à être bien plus élevée à côté des voies de circulation. Planifiez votre séance de sport dans une zone verte, en dehors du centre-ville. Si cela ne s’avère pas possible, notamment pendant les pics de pollution, il est préférable de faire du sport à l’intérieur, par exemple dans une salle de sport. Une autre option, répandue dans certaines villes fortement polluées, est de porter un masque qui filtre les particules fines.
Enfin, n’oubliez pas de contribuer à un meilleur environnement ! La pollution affecte la vie de chacun – elle devrait donc être un sujet de préoccupation quotidien pour nous tous. Il est important que tous ensemble, nous nous informions, nous participions à la discussion et que nous consommions l’énergie de manière responsable.
A propos de l’étude
Cette étude a été réalisée par Withings, sur un panel de plus de 10 000 utilisateurs de trackers d’activité Withings. Dans toute cette étude, l’exercice physique correspond à de l’activité physique modérée ou intense (la marche rapide et le running sont respectivement des exemples d’activité modérée et intense). Toutes les durées sont les moyennes journalières de ce panel d’utilisateurs..
Withings garantit la confidentialité des données personnelles et protège la vie privée de tous ses utilisateurs. Toutes les données utilisées dans cette étude ont donc été rigoureusement anonymisées et agrégées.
Les données de pollution ont été fournies par Airparif, AccuWeather et StateAir pour les villes de Paris, Los Angeles et Pékin, sous la forme de moyennes sur 24h de concentrations de PM2.5 (μg/m3). Les différentes catégories de qualité de l’air proviennent de l’index de qualité de l’air (AQI) et des valeurs seuil définies par l’EPA.