Depuis plusieurs mois, nous avons suivi Alexandra et son incroyable projet : rallier Tahiti à Moorea en double aviron de mer avec le soutien de sponsors et d’une cagnotte participative. Née en 1995 avec la mucoviscidose, transplantée bi-pulmonaire il y a 4 ans, elle s’est lancée dans cette aventure montée de toutes pièces entre les cours à l’université et les sessions d’entrainement en région parisienne. Aujourd’hui très sollicitée et débordante d’énergie, elle nous raconte sa traversée, la fin d’un chapitre qui inaugure sans nul doute de nouveaux projets à venir.
Peux-tu nous raconter comment s’est déroulée la traversée ?
Ce jour était si attendu, 8 mois de préparation (préparation physique, une communication importante, une organisation en béton, une forte logistique pour la sécurité et la mise en place le jour J ainsi que trouver plusieurs partenaires…) pour arriver à cette date : le 5 aout 2017. Je ne m’attendais pas à être entourée par autant de personnes.
Une centaine de rameurs étaient présents, tous en lycra rose où était inscrit : « Rame avec Alexandra » … ainsi que plusieurs bateaux accompagnateurs. Je n’avais pas réalisé ce qui allait se passer dans les heures à venir en arrivant au club d’aviron le matin pour récupérer le bateau et rejoindre le cortège.
Comment as-tu géré l’effort physique ? As-tu eu des moments de doutes ?
Pendant les moments difficiles de la traversée, je regardais tous les gens devant moi, notamment mes parents, qui étaient sur un des bateaux suiveurs. En effet, j’avais l’ile de Moorea dans le dos et le sourire de toutes ces personnes en face de moi. Imaginez environ 90 rameurs devant votre bateau ? Il y avait des cris, des chants… c’était incroyable ! Cela m’a permis de me motiver à aller jusqu’au bout.
Par ailleurs, l’océan ne m’a pas fait de cadeaux. Il y avait des creux d’environ deux mètres de hauteur…
J’ai eu un seul moment de doute, ce moment où j’avais le mal de mer mais dans ma tête, je pensais à toutes ces personnes qui m’accompagnent chaque jour de ma vie ; mon donneur, mes proches, aux différents transplantés, aux personnes atteintes de la mucoviscidose, à mes équipes médicales… mais surtout aux rameurs qui sont tous venus pour le même objectif : faire parler du don d’organes !
De nombreuses personnes étaient venues te supporter. Peux-tu nous en dire plus sur l’ambiance qui régnait aussi bien à terre que sur l’eau ?
L’ambiance était à la fête, tout le monde était heureux d’être ici. Des sourires, des rires mais surtout beaucoup d’espoir. Cette traversée était d’autant plus marquée par quelques personnes : Terry Haymes, le seul garçon atteint de mucoviscidose en Polynésie et quelques rameurs de Va‘a (pirogue traditionnelle) qui ont subi une transplantation des reins ou du foie.
A quoi as-tu pensé lorsque tu as touché au but ?
Il y a quelques années on m’avait dit que je n’irais jamais à Tahiti. Pourquoi ? Parce que c’est loin, trop de risques en termes médicaux mais surtout car ma capacité respiratoire diminuant de jour en jour, il m’était de plus en plus difficile de respirer. Lorsque j’ai touché au but, j’ai prouvé que l’impossible était possible. Je suis venue en Polynésie et en plus, j’ai fait une traversée en mer de 17km à la rame !
Quel est ton meilleur souvenir ?
Mon meilleur souvenir reste celui où l’on arrive à la passe de Moorea : une forte émotion était présente, pour les rameurs, les personnes qui nous ont accompagnés mais surtout pour Matthieu (ndlr: coach et équipier) et moi. Nous venions d’arriver sur le lagon de Moorea. Tous les rameurs nous ont entourés, j’ai crié à pleins poumons. J’ai réussi ! Je ne sais pas comment vous décrire ce moment intense…
Avec le recul, quel message espères-tu avoir fait passer ?
Montrer que la greffe ça fonctionne ! J’ai prouvé que l’impossible peut être rendu possible et j’ai donné de l’espoir à des jeunes atteints de mucoviscidose ainsi qu’en attente de transplantation. Je m’en suis rendue compte avec les nombreux messages que j’ai reçus ; des patients, des parents…
As-tu déjà pensé à d’autres projets ?
J’ai d’autres projets… pour cela il faut me suivre sur ma page Facebook « Rame avec Alexandra », ce n’était que le début !
Depuis, Alexandra a notamment participé aux Virades de l’Espoir, manifestations pour donner espoir aux malades et soutenir la recherche médicale en matière de mucoviscidose. Et comme s’il fallait prouver qu’une traversée en appelle une autre, elle a rallié Paris aux Hauts-de-Seine, de nouveau en aviron. Chapeau Alexandra, chapeau !