Les gamers et les gameuses sont-ils des athlètes ?

Activité
Conseils d'Expert.e.s
27 octobre 2022

Les joueurs et les joueuses de jeux vidéo sont-ils en bonne forme physique ? Découvrez le monde des « gamers », et comment ils et elles s’entraînent.

Vous n’imaginez probablement pas que les joueurs et les joueuses de jeux vidéos professionnel.le.s ont des régimes alimentaires stricts et doivent travailler leur forme physique et leur endurance pour améliorer leurs performances. Pourtant, l’industrie de l’e-sport engendre une nouvelle forme d’athlète : l’e-athlète, ou « e-thlète ». Le secteur des e-sports atteint 1,8 milliard de dollars en 2022, avec un public d’environ 29,6 millions d’amateurs et d’amatrices chaque mois. Galvanisé.e.s par la professionnalisation et l’envergure internationale de l’e-sport, les joueurs et les joueuses sont de plus en plus impliqués dans leur sport, et leur condition physique devient un enjeu important pour améliorer leurs capacités. 

Un sport pour la génération numérique ?

Le succès fulgurant des tournois d’e-sports en direct a mis un terme à l’idée que cette activité, traditionnellement réservée aux geeks, n’avait pas d’attrait pour le grand public. Elle génère en effet des audiences de plusieurs millions de personnes, et offre des prix lucratifs aux vainqueurs : The Internationnal 10, championnat mondial de Dota 2, offrait, en 2021, une cagnotte d’un peu plus de 40 millions de dollars pour l’équipe gagnante. Les e-sportifs et e-sportives du monde entier se concentrent sur leur mission : élever le jeu professionnel au rang de véritable sport, digne de reconnaissance et de respect. Les passionné.e.s d’e-sports américains ont même créé une association caritative, l’US Esports Foundation : les fonds récoltés pendant les compétitions sont reversés aux enfants défavorisés. 

Quel type d’infrastructure pour les joueurs et les joueuses professionnel.le.s. ?

Bien que les jeux vidéo à un niveau professionnel ne soient pas un sport aussi éprouvant physiquement que le basket-ball ou le football, ils exigent une excellente condition physique et une hygiène de vie extrêmement stricte. Nous nous sommes entretenus avec Clément Thillier, responsable de l’E-Performance chez GameWard, un pionnier des clubs d’e-sports, basé en Europe, avec lequel WITHINGS a récemment établi un partenariat. À la question : “En quoi la communauté e-sports diffère-t-elle de celle des sports traditionnels ?”, Clément Thillier insiste sur l’importance des compétences cognitives avec deux aptitudes indispensables : un traitement rapide et précis des informations ainsi qu’une capacité à rediriger rapidement son attention vers différentes tâches. 

Les équipes professionnelles d’e-sports s’investissent pleinement dans la formation de leurs athlètes. Le siège de l’organisation espagnole d’e-sports Movistar Riders comprend quatre salles d’entraînement ainsi qu’un mini-stade pouvant accueillir jusqu’à 70 spectateur.ices. Le personnel est composé d’un entraîneur, un psychologue du sport, un physiothérapeute, un médecin et un manager. Bien que l’entraînement sur place soit axé sur le jeu vidéo, il est conseillé aux athlètes de s’entraîner physiquement dans la salle de sport voisine.

GameWard s’efforce aussi de prioriser la santé de ses joueur.euse.s, en utilisant des appareils connectés pour suivre de près leurs indicateurs de performance. Thillier en utilise d’ailleurs personnellement pour déterminer l’efficacité de ses protocoles d’entraînement, et apporter des corrections si nécessaire, pour booster son jeu. Une « Performance Room » décorée aux couleurs de WITHINGS a été créée au siège de GameWard en France. Les e-sportifs de l’organisation peuvent utiliser cet espace pour s’entraîner et créer du contenu afin d’inciter les autres joueur.euse.s à améliorer leurs compétences et leur santé grâce à l’utilisation des appareils connectés. La partie préférée de Thillier ? La section d’entraînement cognitif, qui permet aux joueur.euse.s d’aiguiser leur esprit.

Salle d’entraînement de GameWard décorée aux couleurs de WITHINGS

Le Président de GameWard, David Laniel, déclare à propos de leur mission : « Nous avons toujours été convaincus que l’e-sport doit être associé à un mode de vie sain, que l’on soit un joueur amateur ou un e-athlète professionnel. » Brice Naranassamy, responsable des partenariats chez WITHINGS, convient que les deux entreprises partagent de nombreux idéaux : « en se concentrant sur la santé et les activités sportives de ses joueurs, les valeurs de GameWard sont en accord avec celles portées par WITHINGS. Nous sommes convaincus qu’un suivi régulier de la santé des joueurs associé à un mode de vie sain peut contribuer à améliorer leur bien-être et leurs performances. »

Les organisations comme GameWard repoussent les limites du gaming. Leur structure, tout comme leur calendrier, est identique à celui des équipes sportives professionnelles traditionnelles. 

Comment s’entraînent les e-thlètes ?

Pour être au maximum de leurs capacités, les gamers doivent suivre un programme d’entraînement adapté à leurs besoins spécifiques. L’entraînement sportif peut porter sur la coordination, la posture, la dextérité et la force du tronc et des bras. L’accent n’est pas mis sur des démonstrations de force, mais plutôt sur une routine permettant de travailler les aspects les plus exigeants du gaming. 

Les joueur.euse.s de GameWard pratiquent l’entraînement par intervalles à haute intensité (HIIT). Ils travaillent également leur endurance et leurs réflexes cognitifs et moteurs. De nombreux exercices permettent de travailler l’agilité et la réactivité : réaction rapide et dextérité avec les manettes sont cruciaux lors des tournois d’e-sports. Pour un.e gamer pro, les étirements sont aussi importants et aident à prévenir les blessures courantes liées au jeu comme le syndrome du canal carpien, des maux de tête ou des douleurs musculaires. Pour aider à résoudre d’autres problèmes tels que les troubles du sommeil ou le burn-out, la pratique du yoga peut être bénéfique. Elle permet de développer la concentration et l’attention, et favorise une bonne posture. Des activités simples comme le jonglage ou même des jeux de cartes permettent également aux e-athlètes d’améliorer leurs réflexes. 

Combien de temps les e-athlètes passent-ils et elles à jouer aux jeux vidéo ?

Une grande partie de l’entraînement des gamers et gameuses tourne autour du jeu vidéo dans lequel ils sont spécialisés. En réalité, de nombreux e-athlètes sont contraints de prendre leur retraite beaucoup plus tôt que la plupart de leurs homologues sportifs de haut niveau en raison de l’intensité des entraînements. Team Liquid, une équipe professionnelle de League of Legends (l’un des MMORPG les plus populaires au monde), s’entraîne au moins 50 heures par semaine. Clément Thillier de GameWard et Brandon « Seagull » Lanard (ancien joueur de l’équipe e-sports “Dallas Fuel”) déclarent tous deux s’entraîner plus de 10 heures par jour, ce qui prouve à quel point les e-athlètes sont dévoués.

Les gamers doivent intégrer leur pratique du jeu dans leur vie quotidienne. Dans un article d’Intel sur les habitudes quotidiennes des gamers professionnels, Lynnie « artStar » Noquez, une joueuse de « Counter-Strike : Global Offensive », décrit comment elle répartit son temps entre son travail, ses amis et sa famille et les tâches ménagères, avant de commencer ses 6 à 8 heures quotidiennes de jeu pendant laquelle elle s’entraîne avec son équipe “Dignitas” jusqu’à 23 heures, avec une pause pour le dîner. Lynnie va ensuite directement se coucher. Un manque de sommeil ou une trop longue exposition à la lumière bleue des écrans peuvent nuire à la précision et au temps de réaction, il est donc crucial de se reposer et de maintenir un équilibre dans sa vie quotidienne !

Joysticks et bâtonnets de carotte : nourrir les gamers pro

Dans l’imaginaire collectif, le gamer est affalé dans un fauteuil de bureau, entouré de boîtes de pizza à moitié vides, de bouteilles de soda et d’emballages de bonbons. Cependant, la plupart des gamers pro ne correspondent pas du tout à ce stéréotype. La nutrition et l’hydratation des joueurs jouent un rôle essentiel dans le bon fonctionnement de tous les processus cognitifs et dans le maintien de leur énergie, c’est pourquoi de nombreuses équipes de joueurs et joueuses professionnel.le.s veillent sur la santé et le bien-être de leurs athlètes. 

Clément Thillier est non seulement à la tête des E-Performance de GameWard, mais il est également diététicien/nutritionniste pour les joueur.euse.s. Son objectif est de surveiller les apports alimentaires de chacun.e et d’adapter leurs régimes aux besoins mentaux et physiques requis par les compétitions et les protocoles d’entraînement. D’après lui, un bon régime pour les joueur.euse.s serait composé de « sources de protéines variées comme le poulet, le saumon, les œufs ou le fromage blanc, de glucides complexes comme le riz ou le quinoa, de bonnes graisses provenant de l’huile d’olive ou de noix, et bien sûr, des nombreuses vitamines et minéraux provenant de produits frais ». La vision de Clément Thillier semble porter ses fruits : depuis que GameWard a commencé à mettre en place ses initiatives en termes de santé, l’entreprise a pu constater une augmentation de 16,9% du temps de réaction de ses joueur.euse.s en seulement 8 semaines.

Les e-athlètes sont-ils vraiment des athlètes ?

Le monde de l’e-sport diffère certainement de celui des sports traditionnels. La plupart des e-athlètes sont totalement dévoués à leur métier et ne pratiquent d’autres sports qu’occasionnellement, pour servir leur pratique. Comme les athlètes,, ils auront besoin de discipline, d’entraînement et d’endurance pour réussir. L’excitation et l’esprit de compétition qui poussent des millions de fans à suivre leurs équipes préférées sont aussi présents dans la sphère du e-sport que dans celle du sport traditionnel. Plus le niveau est élevé, plus le bien-être des joueurs est vital. Il ne fait aucun doute que les organisations et les personnes mentionnées dans cet article, parmi d’autres, continueront à placer la santé mentale et physique des joueurs et des joueuses au centre de leur mission.

Un grand merci à Brice Naranassamy, David Laniel et Clément Thillier pour leur contribution !